Aventure coaching

Alcool au bureau

vie privée - vie professionnelle…

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Cet instant de coaching est extrait d’un ‘GAPs’ ou Groupe d’Analyse de Pratiques avec des managers, une formule innovante de coaching individuel en groupe. Une manière de découvrir une autre forme de coaching que l’entretien individuel.

Pascal, créateur d’une société d’infogérance, démarre la séance : Depuis 2 mois, notre ingénieur réseau revient de ses déjeuners en état d’ébriété. Son entourage m’a confié qu’il arrose certains repas. Dans notre métier, le support réseau est critique… Mais l’entreprise n’est pas là pour traiter la dépendance à l’alcool.

Coach : Quelle est votre demande ?

Pascal : Je me sens bloqué et en porte à faux : pour moi, cette situation est à la frontière du professionnel et du privé. J’aimerais avoir un éclairage du groupe et être guidé

Coach : Qui souhaite donner son éclairage ?

– Dominique, dirigeant d’une activité de conseil : L’employeur est ici responsable : le code du travail interdit au chef d’entreprise, et à toute personne ayant autorité sur les employés, de laisser entrer ou séjourner dans l’entreprise des personnes en état d’ivresse.

– Anne, responsable d’un cabinet de radiologie : Le problème « alcool » est vraiment délicat et tabou dans l’entreprise ; j’ai dirigé un service, dans une clinique, où un manipulateur radio était dépendant. J’ai investi du temps avec le médecin du travail et le CHSCT pour prendre en charge ce problème sous l’angle humain puis préventif.

Coach : Pascal, que retenez-vous de ces premiers retours ?

Pascal, après un long silence : Je me sens encore plus coincé, entre le code du travail et la prise en charge d’un problème humain…

Coach : De quoi auriez-vous envie ?

Pascal : Je ne sais plus… mais, je sais de quoi je n’ai pas envie : sans preuves concrètes, je ne veux ni entrer dans une procédure, ni me mêler d’une éventuelle addiction. Ce serait une intrusion dans sa vie privée… Je me sens désarmé…

 Coach : Quand vous nous confiez que vous vous sentez bloqué, en porte à faux, désarmé, vous êtes vous-même plutôt dans la sphère privée ou professionnelle ?

 Pascal : Peut-être les deux à la fois… ou plutôt entre les deux : je partage ici mes difficultés personnelles sur un sujet qui reste professionnel, bien que tabou pour moi.

Coach : Et comment pourriez-vous nommer cet entre-deux ?

Pascal : La sphère personnelle… tout simplement ! Nous pouvons arrêter là, maintenant… Je vais rencontrer Jean-Paul, notre ingénieur réseau, et lui exprimer ma gêne, lui rappeler ma responsabilité du point de vue du droit du travail et lui proposer de se faire aider à l’extérieur.

Coach à l’attention du groupe : Qui souhaite partager sur cette situation ?

Xavier, directeur d’une entreprise de gestion de patrimoine : Je fais un lien entre cette expérience et une question clé pour moi : celle des ressorts de motivation. J’ai trouvé d’un côté des matrices très rationnelles qui parlent d’équilibre entre « contribution et rétribution » et de l’autre des approches plus « psy » : « drivers » personnels, besoin de reconnaissance… J’avais du mal à faire rentrer mes propres ressorts de motivation dans ces catégories. Finalement, pour accompagner mon équipe, j’ai choisi de prendre du temps avec chacun et d’échanger simplement te régulièrement. C’est toujours dans cet entre-deux entre le privé et le professionnel, un peu comme ici.

Un mois plus tard, Pascal lors du tour de table.

Pascal : Aujourd’hui, je pourrai juste partager sur mon entretien avec Jean-Paul, notre ingénieur réseau.

Coach : Et qu’est-ce qui a changé ?

Pascal : L’entretien s’est déroulé simplement : j’ai affiché ma responsabilité d’employeur, formulé mon inconfort sur cette question délicate et aussi l’impasse dans laquelle je me trouvais. J’ai alors laissé parlé Jean-Paul : il a évoqué un passage de cap difficile sans aller, d’ailleurs, dans le détail de sa situation. C’est comme si j’avais levé le tabou et qu’il sentait en même temps mon souci de ne pas entrer dans son espace privé. Il a simplement décidé de se faire aider à l’extérieur pour passer ce cap.